samedi 16 mars 2013

Humeur d'enfer...

Dans ce monde denué de valeur d'empathie et de bon sens, la colère est souvent stigmatisée: combien de fois avons nous entendu dire en face de personnes qui se révoltent:
"oh, ils nous font suer à toujours avoir quelque chose à redire...."
"oh, ils sont fatiguant à s'insurger pour un oui pour un non..."

Ou alors, de l'autre côté, on entend:
"la colère et la révolte sont des moteurs, continuez comme ça, vous ferez changer les choses"
"notre pays est ce qu'il est car des gens ont su s'insurger et exprimer leur colère à certains moments clés"

Alors il est vrai qu'on préfèrerait tous que, parfois, la vie soit un long fleuve tranquille... mais honnêtement, ça ne serait possible que si les fondations de ce monde étaient saines et solides, donc 2 façons de réagir dans ce monde infantilisant et asservissant (c'est un peu manichéen comme vision des choses, mais tout me le prouve un peu plus chaque jour...):

ETRE INHIBE ET PASSIF OU ETRE REBELLE...

On fait avec ce qu'on est, certains auront plus une tendance naturelle à l'une ou l'autre façon de réagir, et rien n'est figé et définitif, on fluctue entre ces phases, de l'une à l'autre...

Du moins c'est ce que je croyais jusqu'à rencontrer certaines personnes qui m'ont fait perdre une part de la foi que j'avais en l'humain, qui s'évertuent à se réduire à l'état de bulot, accroché au rocher, subissant les marées sans jamais ne se sentir atteint par quoi que ce soit, ou le niant affrontément.... Passifs, inhibés et parfois fiers de l'être...

Bref je m'évertue pour le coup à me concentrer sur les humains qui ne font qu'augmenter ma foi, qui me donnent une raison de croire que oui, on une chance d'offrir collectivement des valeurs, évidemment pas pécuniaires, mais du sens à la vie, à nos contemporains et surtout à nos enfants déjà présents et ceux à venir....

Donc oui, la colère peut être nécessaire et bénéfique, elle fait avancer, même si elle dérange le train train lisse d'une vie basée sur la consommation et les avoirs, pas sur l'être, et l'être ensemble, car elle ferait revoir toute notre façon d'être au monde si on décidait seulement de lui accorder le crédit minima d'exprimer le fond de soi, certes avec maladresse...
Car il est clair, que mieux encore que la colère: l'affirmation de soi pure et simple, quoi qu'il en coûte....

En l'occurrence c'est la que je pèche... j'ai passé des années à me trahir moi même, à ne pas m'autoriser de dire le fond de mon coeur, de mon être, ayant peur de blesser, de créer des réactions chez les autres que moi même j'ai pu ressentir un jour et dont je m'étais promis de ne pas faire subir aux autres...

Mais l'enfer est pavé de bonnes intentions... et si je n'avais pas rencontré des personnes ayant eu la franchise et la sincérité de me montrer ma médiocrité à certains moments de ma vie, je n'aurais pas avancé, pas d'un pouce...
Mon enfer à moi était de bouillir, de somatiser, pour la bonne intention de ne pas blesser d'autres... mais pour être soi, affirmé, on doit prendre le risque de blesser, car au final ne blesse que ce qui vient toucher ou mettre en résonance une part de vérité... Et s'atteler à la compréhension de ce qui blesse, ça leur appartient après tout!

D'ailleurs, aparté, j'en profite pour donner l'explication de franchise et sincérité, on m'a expliqué la différence il y a peu, je n'avais pas saisi les nuances plus tôt...
Franchise: dire tout ce que l'on pense,
Sincérité: dire ce qu'on dit avec vérité, sans censure, donc ce n'est pas dire tout ce que l'on pense, c'est plutôt sur un sujet donné.

Bref, j'ai l'impression que c'est un truc de nana de faire pour l'autre ou les autres ce que l'on considère comme "bien", dans une sorte de mission archaïque et inconsciente de femme au foyer qui n'aurait comme seul but que "tout le monde se sente bien", dans une fausse idée de maternage...
Ces femmes et mères qui n'arrivent pas à comprendre que l'on ne reste pas des enfants toute sa vie... Que le rôle ultime, le plus beau, c'est de donner les "armes" pour devenir ce que l'on est, même si cela ne leur convient pas... De donner la possibilité à l'enfant d'être un jour un adulte responsable et conscient, éveillé.

L'amour avec un grand A, c'est laisser l'autre exister en considérant qu'il a sa propre destinée, que l'on ne peut le maitriser... que son existence n'est pas là pour réparer des douleurs individuelles...

Bien des exemples me viennent:
- les parents qui vont mettre un point d'honneur à aider financièrement leurs enfants, même quand ils en n'auraient pas besoin, sous prétexte d'avoir eux mêmes souffert du manque d'aide financière de leurs parents (notion de réparation) ou du manque financier alors qu'aujourd'hui ils auraient le confort financier permettant de remplir cette mission si importante à leurs yeux (notion de compensation)...
Dans ce cas, plus d'éducatif, plus de transmission de valeurs qui tiennent... Bien sur dans le meilleur des cas tout cela est inconscient...
Les conséquences les plus courantes sont un asservissement aux parents, car si l'on est si dépendant depuis longtemps, se permet-on de dire et de réaliser ce qui viendrait à l'encontre des si faussement généreux parents... Ou le peut on sans s'entendre dire que l'on est bien ingrat, à cracher ainsi dans la soupe...
En plus de cela, la notion de manque, qui a un sens puisqu'elle enseigne la volonté propre, le désir de le combler par ses propres moyens, entraînant créativité, autonomie et responsabilité, est réduite à la seule sensation de souffrance, de frustration...
D'ailleurs, dans ces conditions, le désir peut-il naître? Finalement tout ce qui aurait pu manquer ou susciter une envie est d'emblée comblé, avant même d'avoir le temps de ressentir la frustration, de l'avoir "mentalisée", et mise en mots, la réponse est déjà là, prête à être consommé... comment devenir acteur de sa vie?... comment savoir ce qui anime le fond de notre être quand aucun questionnement ne peut arriver?

- une maman (ou un papa, mais je reste persuadée que c'est un souci plus féminin que masculin... quelques exceptions viendront confirmer la règle...) qui ne va pas supporter de dire non à son enfant, qui ne va pas supporter la réaction de tristesse que cela pourrait éventuellement engendrer, ne fait que projeter sa propre culpabilité et ses propres douleurs internes...
Car je pense que l'on a tous pu être témoin un jour de parents "laxistes", ayant des enfants infernaux ne quémandant à leur manière, tyrannique en l'occurrence, que l'expression de limites claires... Les besoins de l'enfant sont alors simplement niés, pour pouvoir se conforter dans les mécanismes de défense de la souffrance des parents...
Ah la vie est parfois si difficile... en tout cas jamais simple...

- une femme (encore!) qui ne laissera pas son conjoint être ce qu'il est... Exemple: mon amoureux est voyageur, et a beaucoup voyagé seul, car cela a du sens pour lui, une grande valeur etc.
Si je l'aime avec un grand A, le jour où il ressentira à nouveau ce désir/besoin, il osera m'en faire part, et je lui permettrai de le faire avec tout mon soutien, avec toute la considération de la valeur que cela a pour lui, sans le culpabiliser de me laisser, sans le culpabiliser de ressentir ce désir seul, sans moi, car moi, j'aurais la satisfaction d'être avec un homme qui se réalise, qui exprime ses désirs, la satisfaction que je suis avec quelqu'un, non pas que j'ai un concubin.
Si je l'aime avec un petit a, c'est à dire l'aimer car il vient conforter et réparer des choses en moi, je pense qu'il n'osera même pas exprimer ce désir, sentant inconsciemment que je suis bien trop fragile pour qu'il me laisse seule, ou sentant la culpabilisation arriver à grandes foulées: "quoi, mais comment tu peux imaginer faire quoi que ce soit sans moi, me laisser toute seule!"
En gros, "mais comment oses tu avoir tes propres aspirations, tes propres désirs?!!!" La fusion en illusion... la culpabilisation en schéma de fonctionnement... c'est pas très joli tout ça... du moins très puéril!

Voila mon humeur d'enfer, car il pavé de bonnes intentions et que l'on ne doit pas se laisser faire par des gens qui feraient mieux de se taire et de travailler sur eux, au lieu de nous le faire vivre, cet enfer!

N.B: comme d'hab j'ai l'impression que ça part dans tous les sens, ... j'ai tellement de choses à dire, que j'ai commencé à écrire, mais c'est un peu maladroit tout ça...

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